Dans la sécurité privée, la facturation ne se limite pas à un simple montant horaire multiplié par des heures travaillées. Elle reflète une réalité de terrain complexe, souvent liée à des horaires décalés, des prestations spécifiques, des équipes multiples ou encore des contraintes réglementaires renforcées.
Gestion des heures, majorations et astreintes
⏱ Une gestion du temps au cœur de la rentabilité
Dans les métiers de la surveillance humaine, toutes les heures ne se valent pas. Il faut distinguer :
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Les heures de jour classiques,
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Les heures de nuit (souvent majorées de 20 à 30 % selon la convention collective),
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Les heures les dimanches et jours fériés (jusqu’à +100 %),
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Les heures supplémentaires (au-delà du contrat de base).
Ces majorations doivent impérativement être prévues dans le contrat et clairement identifiées sur la facture.
La preuve par l’horodatage
Face aux risques de contestation, l’entreprise de sécurité doit pouvoir justifier les heures réalisées :
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Feuilles de présence signées,
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Pointage numérique ou par QR code,
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Rapports journaliers (papier ou numériques),
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Système de géolocalisation.
La preuve du service fait est également nécessaire en cas de contrôle CNAPS ou de litige client.
Astreintes : une spécificité souvent oubliée
Une astreinte est une période pendant laquelle un agent n’est pas en mission active, mais doit rester disponible pour intervenir.
En facturation :
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Elle doit être convenue par écrit (dans le contrat ou devis),
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Et facturée à un taux spécifique (souvent forfaitaire ou horaire réduit).
Il est également possible de facturer séparément l’intervention si elle se produit, avec son propre taux majoré.
Sous-traitance, intérim et co-traitance
Des missions partagées, une facturation encadrée
Dans le gardiennage, certaines prestations sont réalisées par plusieurs entreprises en même temps :
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Recours à l’intérim pour renforcer les équipes,
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Sous-traitance ponctuelle (si votre entreprise ne dispose pas des effectifs ou de l’agrément nécessaire),
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Ou co-traitance dans un marché public ou privé.
Problème courant : qui facture quoi ?
Ce que dit la loi
⚖️ « Une entreprise donneuse d’ordre reste solidairement responsable des obligations sociales de son sous-traitant. »
(Article L.8222-1 du Code du travail)
Cela signifie que si votre sous-traitant fraude (travail dissimulé, absence de déclaration URSSAF, etc.), vous êtes potentiellement responsable. Il est donc essentiel de bien encadrer la sous-traitance.
Les points de vigilance :
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Contrat clair entre les deux sociétés,
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Liste nominative des agents intervenants,
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Vérification de l’agrément CNAPS et assurances.
Facturation en cas de sous-traitance
Deux possibilités :
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Chaque société facture directement au client final sa part de la mission → Co-traitance.
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Le sous-traitant facture à l’entreprise principale, qui refacture au client final → Sous-traitance classique.
Dans les deux cas, la facture doit mentionner clairement :
Astuce : certaines grandes entreprises exigent, en plus de la facture, un rapport détaillé indiquant le nom de chaque agent, les heures prestées et leur autorisation CNAPS. Anticipez !
Les erreurs à éviter
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Facturer une prestation que vous n’avez pas réalisée (ex : vous mettez un agent d’une autre société sur le site, mais vous émettez la facture comme si c’était le vôtre).
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Oublier de faire signer un contrat écrit à votre sous-traitant.
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Ne pas déclarer votre sous-traitant à votre client final → cela peut être considéré comme du travail dissimulé.
En bref, la facturation dans la sécurité privée ne s’improvise pas. Chaque spécificité (horaire, légale, humaine) doit être prise en compte, tracée et valorisée. Une bonne facture, c’est une facture :
- Légale,
- Justifiée,
- Précise,
- Défendable en cas de contrôle.