Évaluer un agent de sécurité ne devrait jamais être le monopole d’un seul acteur. Ce n’est pas un verdict tombé d’en haut, ni un audit RH hors-sol. C’est un processus collectif, réparti entre trois rôles clés qui doivent, idéalement, travailler main dans la main : le manager de terrain, le service RH ou qualité et de plus en plus… le client.
Le manager terrain : l’observateur du quotidien
C’est souvent lui qui connaît le mieux les agents. Il les voit à l’œuvre, il connaît les sites, les exigences spécifiques de chaque poste. Il sait qui arrive en avance, qui gère bien une tension avec un intrus, qui maîtrise les consignes ou qui improvise un peu trop.
Son rôle dans l’évaluation est donc fondamental. À condition qu’il ne se limite pas à un ressenti flou ou à une appréciation globale. Ce qu’on attend d’un manager terrain, c’est qu’il sache formaliser ses observations : par des comptes-rendus, des relevés d’incidents, des appréciations régulières.
Certains utilisent même des outils mobiles qui leur permettent de noter les comportements directement sur site, avec des critères prédéfinis. Ce n’est pas de la surveillance, c’est de la gestion intelligente.
Un bon manager-formateur ne se contente pas de juger. Il accompagne, il corrige, il fait progresser. Et c’est dans ce cadre-là que l’évaluation devient crédible et utile.
Les RH ou le service qualité : les garants du cadre
Leur rôle est souvent sous-estimé. Pourtant, ce sont eux qui ont la vue d’ensemble : historique de formation, conformité légale, mobilité interne, entretiens professionnels…
Les RH sont les seuls à pouvoir centraliser et structurer l’ensemble des évaluations. Ce sont eux qui doivent proposer une grille d’évaluation homogène, faire le lien avec les obligations réglementaires, et s’assurer que les décisions prises (formation, repositionnement, promotion…) sont justes et documentées.
Dans les structures plus grandes, c’est aussi le service qualité qui pilote ces démarches, notamment quand l’entreprise est certifiée ISO ou Qualiopi. Dans tous les cas, leur intervention garantit que l’évaluation n’est pas juste une “remontée terrain”, mais un processus sérieux et traçable.
Le client : influence discrète mais réelle
On n’en parle pas toujours, mais le client final joue aujourd’hui un rôle de plus en plus important dans l’évaluation des agents. Ses retours, même informels, influencent les décisions : réaffectation, fin de mission, voire rupture de contrat.
Et c’est normal : c’est lui qui voit l’agent en première ligne. C’est lui qui juge l’efficacité, mais aussi l’attitude, la présentation, la capacité à rassurer.
La vraie question, c’est : comment intégrer ces retours dans une évaluation équitable ?
La réponse, c’est le cadre. Un feedback client ne doit pas être une sentence. Il doit être croisé avec les autres éléments (fiche de poste, grille interne, observations terrain). Cela vous permet de différencier un incident isolé d’une incompétence chronique.
Et surtout, cela vous oblige à développer une relation de transparence et de co-construction avec vos clients : ils ne veulent plus seulement des agents, ils veulent des équipes gérées et suivies avec sérieux.